Jean philippe mayence
Jean Philippe Mayence
.Le Gentleman du pénal
Impossible de parler des acteurs du monde belge du pénal sans s’arrêter au parcours d’un de ses piliers, maître Jean-Philippe Mayence, représentant la deuxième génération de ce que l’on pourrait presque considérer comme une dynastie Carolorégienne tant ils sont présents sur la scène judiciaire avec maintenant une troisième génération.
Si le talent n’est pas un patrimoine génétique, force est de constater qu’en tous cas il peut se transmettre d’une génération à l’autre.
Il faut commencer par le patriarche, Philippe Mayence ténor en son temps.
Son épouse, Jacqueline Mayence-Goossens, elle, sera trois fois ministre et plusieurs fois député
Il passe son enfance en pension, retrouvant la maison familiale le temps d’un weekend ou de vacances, où l’on aime à imaginer des conversations riches , passionnantes et animées qui lui permettront d’avoir une grande ouverture d’esprit et une capacité analytique peu fréquentes qui en feront l’un des avocat les plus brillant de notre époque, un humaniste, un philosophe et un sportif accompli.
Lorsque l’on parle avocat, on essaye généralement de deviner l’homme sous la robe ;
Pourtant ici, on ressent le mélange subtil d’un juriste hors-pair, travailleur acharné, passionné par son métier, métier dont il estime qu’il se pratique tant au-dedans qu’au dehors des prétoire, même si c’est dans ceux-ci qu’il excelle, un père et même un grand-père
Il commencera par être un avocat reconnu dans sa région puis au tournant des années 2000, alors que d’un côté les médias s’invitent dans les prétoires, que les sources d’informations explosent,que les faits divers passionnent ,il devient un visage incontournable au niveau national car hasard ou destin, il est présent dans les affaires qui ont passionné le grand public : L’affaire André Cools, les amants maudits, Léopold Storme, Bernard Wesphael et récemment le drame intra- familial où une mère et sa fille ont laissé la vie et il y excelle
Pourtant cette forme de visibilité ne l’attire pas.
Les médias se doivent d’être plus constructifs que sensationnalistes, il commente peu et surtout après le verdict, jamais avant.
Il n’est pas de ceux non-plus qui ont confondu médias et promotion voire auto-promotion
On se rend vite compte que Jean-Philippe Mayence allie compétence, tradition et réputation
Alors que l’on associe souvent le mot avocat à des termes comme effets de manches et autres, ici rien de tout ça
Ses plaidoiries sont marquantes et rigoureuses. Ses capacités oratoires ont tout d’un art. Il se montre sobre, incisif , peu ou pas théâtral, sensible et mesuré mais sans jamais s’adonner au pathos, ce qui lui permet, avec un peu d’émotion de toucher toutes les parties. La voix est calme et respectueuse de tout et de tous, pas d’écran de fumée, pas de sensationnalisme ou d’incidents d’audience. Un brin d’émotion, un trémolo dans la voix qui lui confère une autorité naturelle et surtout , lui permettent d’emmener en toute confiance jurés, magistrats ou public là où il veut les emmener, au plus près de la vérité factuelle
Méthodiquement , il met en pratique sa marque de fabrique qu’il aime à appeler « la technique de l’entonnoir ». il aborde chaque volet, chaque théorie de façon extrêmement précise. Il s’attaque aux différentes interprétations que l’ont pourrait donner à une affaire, exercice que son excellente connaissance d’un dossier lui permet d’accomplir facilement
Les avocats mentent ? Peut-être, parfois. Lui, jamais , lui c’est les faits et uniquement les faits et il tient à ce que ça se sache
Il tient aussi à une éthique qui peut paraître séculaire mais qui donne ses lettres de noblesse à la profession.
On met sa robe en-dehors de la salle, on respecte les règles en vigueur dans cette même salle, on respecte tout un chacun.
Même avec les clients avec qui on a un peu plus d’affinités, on ne brouille pas la ligne avocat/client, car pour lui au final c’est ce qui compte : son client, son histoire, son avenir, le tout avec empathie et humanité.
Inscrit au barreau depuis 1985, il travaille d’abord dans un cabinet spécialisé en droit pénal des affaires puis rejoint le cabinet paternel pour assurer la relève et perpétuer la tradition de défense pénale. On lui a proposé d’autres rôles, la politique, qu’il a refusée malgré l’admiration qu’il a pour la carrière maternelle mais aussi la préparation du procès des attentats, rôle difficile à tenir à partir du moment où pour lui, la juste décision aurait été de faire un procès en parallèle avec un objectif réalisable à savoir, permettre à tous les avocats d’être présent tous les jours, comme lui le fait pour chaque procès, et un dossier que tout un chacun aurait pu maîtriser
Comme pour beaucoup d’acteurs du monde judiciaire l’avenir ne lui paraît pas rose, lui dont les enfants ont repris le flambeau, s’inquiète, rare pour un avocat mais ô combien compréhensible chez un papa, de l’avenir des jeunes pénalistes, de la qualité des stages du barreau mais aussi du fait que de jeunes avocats se trouvent avec des dossiers émotionnellement très voire trop lourds alors qu’ils n’ont pas encore ni la pratique, ni l’expérience ou la maturité d’arriver à prendre du recul.
Lui sait à quel point ce genre de dossiers peuvent prendre insidieusement une place dans la sphère privée